Ahhh… Les séries… Elles n’ont jamais autant eu la côte ! Il est bien loin le temps des vieilles séries, comme Mac Gyver ou Hawai Police d’Etat. Elles ont pu marquer de nombreuses générations, à coup sûr nostalgiques des samedis après-midi cocooning.
Et c’est d’ailleurs une constante, comme une sorte d’ADN du format « séries » : on les associe à l’idée de temps pour soi, tranquillement installé dans son canapé, avec son chocolat chaud.
Aujourd’hui, les choses ont pourtant bien évolué. Le succès de séries comme Game of throne ou Casa de papel montre qu’on est passé à une autre échelle. Une autre échelle économique, c’est certain. Une autre échelle aussi du point de vue des modalités de visionnage : la télévision n’a plus le monopole des séries ; désormais, divers supports la concurrencent (smartphones, ordinateurs, tablettes), dont Netflix est un symbole.
Avant tout, qu’est-ce qu’une série télévisuelle ? C’est un ensemble d’œuvres télévisuelles de fiction conçues pour être diffusées par épisode clos. Chacun de ceux-ci raconte une histoire complète, la continuité étant assurée par la permanence d’un ou plusieurs personnages et d’un thème dominant.
C’est ce principe de continuité qui constitue, à mon sens, le point fort des séries actuelles. Lorsqu’on regardait un épisode de Mac Gyver, il n’avait rien à voir avec le précédent, ou le suivant. Seuls les personnages et la construction narrative, qui reposait sur les « astuces bricolages » du héros, revenaient d’un épisode à l’autre.
La continuité, que les scénaristes n’ont cessé d’amplifier, c’est désormais un véritable point clef de la nature addictive des séries.
Il y en a une qui, dans mes souvenirs, appliquait ce principe de continuité, de liaison entre épisodes, avec beaucoup d’intelligence. Je ne sais pas si la série Code Quantum vous rappelle quelque chose. Réalisée par Donald P. Bellisario, le héros était contraint de voyager dans le passé pour y résoudre des affaires, y aider des personnes. Lorsque sa mission était réussie, il était projeté de nouveau dans un autre temps, un autre lieu avec le même type de mission. Elle avait ceci de génial qu’à la fin de chaque épisode, une fois la mission résolue, avant le générique, on découvrait avec le héros lui-même le nouvel univers (milieu de la boxe, château hanté, chantier…) dans lequel il était envoyé. Cela ne durait que quelques secondes et l’épisode se clôturait avec notre héros en mauvaise posture qui, fataliste et désabusé, murmurait : « Oh bravo… ».
C’était terriblement accrocheur. On avait hâte de découvrir le prochain épisode, d’en savoir plus sur la nouvelle situation dans laquelle il avait été envoyé.
Le spectateur est tenu en haleine au fil des saisons par le principe de continuité.
L’autre élément indissociable du succès des séries, c’est le format de durée. Si l’on considère la fiction française, elle était il n’y a pas si longtemps un genre assez homogène . Avec sa temporalité, le 90 minutes, ses contraintes et son coût exorbitant, le format de ce type de séries conduisait à prendre les mêmes auteurs, les mêmes réalisateurs, les mêmes acteurs, sans véritable prise de risque.
Dans la période 1995-2005, auteurs et producteurs ont pointé les données responsables de ces séries répétitives, fades, sans réelle originalité : le 90 minutes et ceux qui l’imposaient, à savoir les diffuseurs français. Le déclencheur de cette prise de conscience a été initié par l’essor et le succès des séries de qualité venues des Etats-Unis (Dream on, Urgences…). Leur créativité reposait en particulier sur le format d’environ 52 minutes, plus racé, plus efficace, permettant une écriture scénaristique plus percutante. Le travail des équipes en charge du scénario a ainsi évolué.
Il est en tout cas certain que les séries sont devenues depuis 10 ans un véritable phénomène de société. Des revues spécialisées comme Les Cahiers du Cinéma ne s’y trompent pas en s’intéressant à ce qui peut être considéré comme un dérivé du film cinématographique. Elles sont représentatives des nouvelles formes de consommation médiatique qui imbibent la société.
À propos de l’auteur