Archives de l’auteur Nicolas LORIOD

ParNicolas LORIOD

L’autobiographie, objet littéraire bien identifié

Notre expérience d’écrivains prête plume et nos conseils-ecriture

Ma vie, cette œuvre

Notre activité de prête plume nous amène souvent à nous confronter à l’autobiographie. C’est un exercice intéressant. Intéressant, précieux que d’accompagner et donner des conseils en ecriture dans le cadre du récit d’une vie.

Ecrivain est un métier ou une discipline. Mais le premier des ecrivains, dans une autobiographie, c’est vous. Vous êtes l’écrivain qui met à jour son passé, ses expériences. Faire appel à nos services de conseil ecrivain, c’est vous aider, en tant que prête plume, à faire émerger ce qu’il y a en vous et/ou à lui donner forme.

Un genre ancien

Le récit d’une tranche de vie n’est pas nouveau. Dès l’antiquité, les hommes ont eu le souci d’écrire leur parcours. Ecrivain, Jules César l’est assurément lorsqu’il écrit La guerre des Gaules, mais cela relève davantage de l’oeuvre de propagande que de la mise à nue du rédacteur.

On considère que Les confessions de Rousseau constituent la première œuvre autobiographique au sens moderne du terme. Ecrivain, philosophe, libre penseur, Rousseau procède à une reconstruction de son passé et propose ce que le spécialiste de l’autobiographie Philippe Lejeune nomme le « pacte autobiographique », à savoir raconter la vérité, se montrant tel qu’il est, quitte à se ridiculiser ou à exposer publiquement ses défauts.

« Des mots valent mieux qu’une photo souvent… » Hemingway.

Au cœur de l’intime

Avec le développement des sciences sociales et psychologiques, l’autobiographie s’est davantage portée sur une quête de soi. L’écrivain se plonge dans le passé pour mieux se comprendre, comme une forme de reconquête de soi.

En tant que prête plume, nous avons conscience de cette dimension particulière. Ecrivains, nous savons que mettre par écrit son histoire, à la manière d’un Vincenot, est une vraie responsabilité ; aussi, nous sommes toujours honorés de pouvoir vous donner des conseils-écriture. C’est notre rôle de conseil ecrivain que de parvenir à la forme la plus aboutie d’un récit de vie.

Engagement du prête plume

L’écriture d’une vie n’a rien d’anodin lorsque l’on est conseil écrivain ; donner des conseils d’écriture, prendre en charge la mise en forme d’une vie font partie de nos missions de prête plume. Ecrivains à même de donner  des conseils ecriture, oui. Ecrivains engagés pour faire de votre passé un trésor, assurément.

ParNicolas LORIOD

Qu’est-ce qui fait une bonne histoire ?

Récemment, on nous a posé la question, à nous, rédacteurs, écrivains publics, écrivains fantômes, via le formulaire de contact de conseil-ecrivain.com : « qu’est-ce qui fait une bonne histoire pour un roman ? » »

Notre réponse d’auteurs et de prête plume dans la suite de l’article…

  1. Un personnage avant tout.

Lorsque l’on écrit, cela commence très souvent ainsi dans notre esprit : « c’est l’histoire de… ».  Dans un roman ou un scénario, c’est donc bien le personnage qui est au centre de la fiction. En tant qu’écrivain fantôme/nègre littéraire, il est de notre devoir de vous inviter à réfléchir à celui-ci. Un personnage creux, vide, caricatural et votre récit perd tout intérêt.

C’est aussi simple que ça : si on ne s’intéresse pas au personnage, on ne s’intéresse pas à l’histoire.

Pour un auteur, c’est la clef du succès. Un personnage de fiction dense donne de l’ampleur au roman ou au scénario. Vos personnages portent sur leurs épaules -imaginaires et imaginées- la crédibilité de votre histoire. Il faut donc songer à leur donner de la chair dans le texte, à travailler leur densité, dès le début du processus d’écriture.

2. Penser aux caractéristiques

Mais comment faire ? Pour un prête-plume, c’est une question récurrente. Lorsque nous travaillons comme auteurs, on donne toujours quelques principes essentiels. Cela passe bien sûr par des caractéristiques physiques et sociales à développer dans la rédaction : âge, sexe, lieu de vie, métier, situation sociale, taille, etc.

Mais plus important encore : son histoire et sa psychologie doivent être l’objet d’une attention particulière : le contexte dans lequel vous l’insérez, son passé et ses traits de personnalité donnent une dimension essentielle au héros, de sorte à ce que le principe d’identification du lecteur fonctionne à plein.

Il est d’ailleurs toujours plus intéressant d’être confronté à des héros complexes, qui n’ont rien de tranché, qui portent au contraire en eux une part d’ombre et de lumière.

3. Le faire évoluer

Autre astuce d’écriture que nous vous donnons sur le blog de conseil-ecrivain.com : faites évoluer votre personnage entre le moment où le lecteur fait sa connaissance et la fin de l’ouvrage. C’est ce qu’on appelle l’arc de progression. Prenez n’importe quel roman ou film : le ou les héros changent. Qu’ils se soient assombris, assagis, devenus plus tolérants ou bien encore plus colériques par exemple, vous devez songer à donner aux personnages, sur lesquels repose l’histoire, une trajectoire évolutive .

Pour nous, écrivains-fantômes/auteurs, c’est un enjeu fort pour un récit qui tienne le lecteur. Si vous faites appel à notre expertise de rédacteurs, nous vous rappellerons l’importance du personnage principal de votre fiction et celle de le faire progresser dans le récit.

En conclusion

Évidemment, il y a différents paramètres d’écriture qui font un bon roman ou un bon scénario. L’un des dénominateurs communs des auteurs à succès reste la capacité à créer des personnages forts. Notre rôle d’écrivains-auteurs-rédacteurs est d’abord de vous le rappeler 🙂

ParNicolas LORIOD

Charlot, « sous les lumières de la ville »…

Deux mots sur la narration cinématographique du muet

Je ne sais plus qui a dit « Chaplin est le premier homme à avoir fait rire toute la planète », mais la remarque souligne d’emblée la dimension iconique du personnage de Charlot.

D’ailleurs, « Charlot » est une nomination purement française ; aux Etats-Unis, ce personnage clownesque n’a pas de nom : on le surnomme le tramp, qui signifie le vagabond.

Chaplin est un réalisateur génial, hors-norme, ne serait-ce que par sa longévité cinématographique (songez, plus de 90 films à son actif).

J’ai choisi ici de faire une analyse contextuelle (rapide) du dernier chef-d’œuvre du cinéma muet : Les lumières de la ville, sorti en 1931. Dans ce récit, Charlot s’évertue à trouver de l’argent pour aider une jeune aveugle pour qui il a des sentiments. Celle-ci le prend pour un millionnaire…

Au-delà de l’écriture scénaristique, trois données contextuelles en font une œuvre intéressante.

Un film, un contexte

Nous sommes fin des années 1920- début des années 1930. C’est le début de la Grande Dépression, la plus grande crise économique du XXe siècle. Les faillites bancaires s’accompagnent de fermetures d’usines. Une grande panique s’empare du pays puis s’étend au monde entier. Le chômage et la pauvreté s’aggravent dans des proportions considérables. Le scénario des Lumières de la ville rend compte, à sa façon, de ce climat social instable et inquiétant.

Le personnage du millionnaire, « ami » par intermittence de Charlot, est, pour certains observateurs, le symbole du capitaliste : versatile, il est exubérant et généreux dans les moments d’euphorie (à l’instar des marchés lorsque le système de croissance est bien en place) et dépressif-suicidaire lorsqu’il redevient sobre (symbolisant alors les périodes de crise).

Si le film n’a pas été perçu comme militant et politique (contrairement à son film suivant, Les temps modernes), Chaplin n’en demeure pas moins un fin analyste de la vie économique. En effet, un an avant le krach de 1929, il avait transformé ses actions boursières en or canadien. Il évite ainsi la ruine.

Cachez-moi ce vagabond que je ne saurais voir

Le code de censure dit Code Hays est ratifié en 1930. Il instaure un certain nombre d’interdits au cinéma. Pourtant on est surpris de nombreuses scènes de beuveries, voire d’orgies ! En fait, le Code Hays n’est véritablement appliqué qu’en 1934 ; le film de Chaplin est dans une période où une certaine permissivité morale existe encore.

Chaplin a également assagi son personnage de Charlot. « si Les Lumières de la ville est parvenu à la pureté que visait son auteur, ce ne pouvait qu’en gommant certains aspects excessifs du personnage » (Michel Chion).

Le vagabond est devenu en effet plus « sage » que dans ses apparitions précédentes. Dans les premiers films du tramp, il est agressif, bagarreur, impulsif, animé par des instincts sexuels très primaires. On les retrouve évidemment dans les Lumières de la ville, mais soit ces moments sont limités à quelques actions soit ils sont implicites (en fait, le film est truffé d’allusions sexuelles !).

Chaplin et le son : qu’est-ce que vous dites ?

On l’oublie souvent, mais Chaplin pense que le son va tuer le cinéma. Fin des années 1920, le cinéma sonore apparaît. Nombreuses sont les réactions négatives face à cette innovation. S’il finira par se « convertir » au sonore, Chaplin, au moment des Lumières de la ville, est encore réticent. Il y a bien du son (des gimmicks sonores notamment) mais pas de dialogue ; on reste avec les cartons. Et c’est gonflé, à un moment où le cinéma muet est déjà « has been » ! Pourtant, il décide, à contre-courant, d’écrire un film sans dialogue parlé. Et c’est une réussite. La scène d’ouverture, dans laquelle le discours des notables est remplacé par un bruit de mirliton, est symbolique de la posture de Chaplin à l’égard du cinéma sonore.

Enfin…

Enfin, s’il faut une autre bonne raison de regarder le film, c’est la séquence finale. On a beau la voir 50 fois, on est ému 50 fois… Du grand art.

Paradoxalement, le muet a beaucoup à apprendre à l’auteur (nègre, prête-plume, conseiller en écriture) par l’intensité des message, l’économie des moyens, la recherche de messages universels et ce qu’on pourrait appeler la virtuosité de la simplicité.