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ParNicolas LORIOD

La loi des séries

Ahhh… Les séries… Elles n’ont jamais autant eu la côte ! Il est bien loin le temps des vieilles séries, comme Mac Gyver ou Hawai Police d’Etat. Elles ont pu marquer de nombreuses générations, à coup sûr nostalgiques des samedis après-midi cocooning.

Et c’est d’ailleurs une constante, comme une sorte d’ADN du format « séries » : on les associe à l’idée de temps pour soi, tranquillement installé dans son canapé, avec son chocolat chaud.

Série des années 80

Aujourd’hui, les choses ont pourtant bien évolué. Le succès de séries comme Game of throne ou Casa de papel montre qu’on est passé à une autre échelle. Une autre échelle économique, c’est certain. Une autre échelle aussi du point de vue des modalités de visionnage : la télévision n’a plus le monopole des séries ; désormais, divers supports la concurrencent (smartphones, ordinateurs, tablettes), dont Netflix est un symbole.

1) Qu’est-ce qu’une série ?

Avant tout, qu’est-ce qu’une série télévisuelle ?  C’est un ensemble d’œuvres télévisuelles de fiction conçues pour être diffusées par épisode clos. Chacun de ceux-ci raconte une histoire complète, la continuité étant assurée par la permanence d’un ou plusieurs personnages et d’un thème dominant. 

C’est ce principe de continuité qui constitue, à mon sens, le point fort des séries actuelles. Lorsqu’on regardait un épisode de Mac Gyver, il n’avait rien à voir avec le précédent, ou le suivant. Seuls les personnages et la construction narrative, qui reposait sur les « astuces bricolages » du héros, revenaient d’un épisode à l’autre. 

La continuité, que les scénaristes n’ont cessé d’amplifier, c’est désormais  un véritable point clef de la nature addictive des séries.

Il y en a une qui, dans mes souvenirs, appliquait ce principe de continuité, de liaison entre épisodes, avec beaucoup d’intelligence. Je ne sais pas si la série Code Quantum vous rappelle quelque chose. Réalisée par Donald P. Bellisario, le héros était contraint de voyager dans le passé pour y résoudre des affaires, y aider des personnes. Lorsque sa mission était réussie, il était projeté de nouveau dans un autre temps, un autre lieu avec le même type de mission. Elle avait ceci de génial qu’à la fin de chaque épisode, une fois la mission résolue, avant le générique, on découvrait avec le héros lui-même le nouvel univers (milieu de la boxe, château hanté, chantier…) dans lequel il était envoyé. Cela ne durait que quelques secondes et l’épisode se clôturait avec notre héros en mauvaise posture qui, fataliste et désabusé, murmurait : « Oh bravo… ».

C’était terriblement accrocheur. On avait hâte de découvrir le prochain épisode, d’en savoir plus sur la nouvelle situation  dans laquelle il avait été envoyé.

Le spectateur est tenu en haleine au fil des saisons par le principe de continuité.

2) Le format des séries

L’autre élément indissociable du succès des séries, c’est le format de durée.  Si l’on considère la fiction française, elle était il n’y a pas si longtemps un genre assez homogène . Avec sa temporalité, le 90 minutes, ses contraintes et son coût exorbitant, le format de ce type de séries conduisait à prendre les mêmes auteurs, les mêmes réalisateurs, les mêmes acteurs, sans véritable prise de risque. 

Dans la période 1995-2005, auteurs et producteurs ont pointé les données responsables de ces séries répétitives, fades, sans réelle originalité : le 90 minutes et ceux qui l’imposaient, à savoir les diffuseurs français. Le déclencheur de cette prise de conscience a été initié par l’essor et le succès des séries de qualité venues des Etats-Unis (Dream on, Urgences…). Leur créativité reposait en particulier sur le format d’environ 52 minutes, plus racé, plus efficace, permettant une écriture scénaristique plus percutante. Le travail des équipes en charge du scénario a ainsi évolué.

Il est en tout cas certain que les séries sont devenues depuis 10 ans un véritable phénomène de société. Des revues spécialisées comme Les Cahiers du Cinéma ne s’y trompent pas en s’intéressant à ce qui peut être considéré comme un dérivé du film cinématographique. Elles sont représentatives des nouvelles formes de consommation médiatique qui imbibent la société.

ParFranck LUCEA

Le style de… Paul-Lou Sulitzer

Ne riez pas… Un client m’a demandé récemment d’écrire avec ce style, parce que plus jeune, il avait aimé les livres de cet auteur. Evidemment, Paul-Lou Sulitzer est bien passé de mode, et la « magie s’en est allée » comme dit la chanson. Mais j’en ai lu quelques-uns et il y a des principes pas inintéressants à retenir…

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’une écriture… pragmatique. Voyons ses trois caractéristiques principales :

  1. Le système des temps. Ce auteur (ou son nègre) écrit au présent de l’indicatif. C’est intéressant, on perd l’effet stéréoscopique du couple imparfait / passé simple, mais on gagne en nervosité. Et évidemment, cela fait un texte bien plus accessible. D’autant que ce système se conjugue (sans jeu de mot) avec un narrateur interne, en focalisation interne aussi, normal…
  2. L’absence totale de description. Les gens existent par des portraits d’une ligne, les lieux, rien. C’est étonnant. Autant le texte montre une certaine précision géographique (villes, noms de rue, noms d’hôtels…), autant il ne décrit rien.
  3. La multiplication de personnages simplistes. de façon à soutenir l’action (pas toujours captivante) du récit, le texte multiplie les intervenants, les personnages qui sont réduits à quatre caractéristiques (un nom, une origine, un détail physique,un trait de caractère). Les personnages sont donc totalement prévisibles et essayent de former une galerie hétéroclite et surprenante. Ils servent à animer artificiellement les moments longuets de leur présence et leurs interventions prévisibles.

Enfin, le vocabulaire est courant et la syntaxe plutôt simple. bref, tout concourt à une lecture sans fatigue. En revanche, le texte est calibré pour être long. En effet, un livre de Sultizer se devait, comme tout « bon » best-seller, d’être épais et tenir en main comme une brique…

ParFranck LUCEA

Comment se faire éditer ?

Il existe trois possibilités : l’édition à compte d’éditeur, l’édition à compte d’auteur, l’auto-édition. Voyons ces solutions en détail.

L’édition à compte d’éditeur est la voie royale, tout le monde le sait, mais c’est aussi la porte étroite (bonjour Malraux et Gide). En général, on choisit avec soin la maison d’édition (nous sommes là pour ça) et on envoie son manuscrit à peine sec, qui se retrouvera avec des centaines d’autres sur le bureau d’un éditeur. Le taux de succès de cette démarche est en gros d’un pour mille. mais une fois signée, l’éditeur prend tous les frais en charge depuis l’impression, en passant par la promotion jusqu’à la distribution. Vous touchez -au moins- votre avance sur recette (même si cette pratique tend à se perdre.)

L’édition à compte d’auteur est plus discutable. En général, une maison vous propose d’éditer votre livre, de le diffuser, d’en faire la promotion… Mais vous avancez tous les frais. Et disons-le franchement, pour quelques maisons, c’est un simple jeu de dupe. Vous payez tout (l’éditeur ne prend aucun risque) et souvent les prestations promises ( distribution, promotion) laissent beaucoup à désirer. Quand on utilise ce moyen, la vigilance est de mise.

Enfin l’auto-édition vous permet d’être édité en étant responsable de tout : de la maquette, la mise en page, l’édition jusqu’à la distribution. Ce n’est pas plus cher que la solution précédente, mais plus complexe. Pour faire les choses bien, il vous faut un correcteur, un maquettiste, un numéro ISBN, etc. La solution la plus pratique reste l’édition numrique. Soit en ebook directement (zéro frais d’impression, pas de stock), soit l’édition à l’unité en cas de vente. Et si votre livre décolle, les éditeurs ne tarderont pas à vous proposer un contrat … 😉